Teresa Lanceta, la mémoire tissée
Musée d'art moderne de Céret
Exposition du 2 mars au 2 juin 2024
Le Musée d'art moderne de Céret présente du 2 mars au 2 juin 2024, l’exposition « Teresa Lanceta, la mémoire tissée », première monographie en France consacrée à l'une des plus importantes artistes espagnoles contemporaines. Cette première grande exposition retrace le parcours d’une artiste engagée pour la reconnaissance des valeurs collectives et universelles du tissage et de la couture.
Teresa Lanceta, Jacob soño, 1984, Laine et coton, 240 × 190 cm,
Colección Diputación de Alicante – MUBAG, Alicante, Mira Madrid Gallery © Adagp, Paris 2024
Teresa Lanceta, Barcelona - Plaça Reial, 13, 1984, Laine et coton, 183 x 275 cm© Adagp, Paris 2024
Le parcours de l’exposition
L’exposition adopte une approche chronologique et thématique retraçant le parcours artistique de Teresa Lanceta. Elle met en lumière ses œuvres textiles, de ses pièces historiques à ses productions les plus récentes. Cette monographie révèle également la variété et la richesse de la pratique artistique de Teresa Lanceta en présentant ses dessins, vidéos, céramiques et peintures. À travers ces œuvres, le parcours met en lumière la notion de mémoire, à la fois individuelle et collective, qui anime le travail de l’artiste.
L’exposition s’ouvre sur les premières œuvres tissées par Teresa Lanceta au début des années 1980, au moment où elle fait le choix radical et audacieux du tissu, séduite par la ductilité de la laine et du fil.
Dialogue avec le Maroc
Teresa Lanceta est notamment attirée par les tapis ruraux marocains qu’elle découvre par l’intermédiaire de Bert Flint, anthropologue et collectionneur des arts marocains, à qui elle dédiera une série composée de sept tapisseries de grand format, Bert Flint I-VII (1997), présentée dans son intégralité au musée d’art moderne de Céret. Les pièces de cette série, à l’image d’œuvres tissées précédemment comme Barcelona – Plaça Reial, 13 (1984) tirent leurs motifs abstraits et leurs compositions des tissus traditionnels berbères. Teresa Lanceta en apprend la conception en vivant et travaillant auprès des communautés du Moyen Atlas durant les années 1980, fascinée par ce que les tapisseries révèlent de leur auteur. Dès lors, son travail explore les frontières entre le statut d’artiste et d’artisan, entre l’anonymat et l’art collectif, entre le caractère utilitaire et esthétique du textile. Les compositions et symboles qu’elle adopte témoignent d’un dialogue continu avec ce qu’elle observe au Maroc, en même temps que d’une franche liberté artistique, visible notamment par l’utilisation de couleurs vives, le rejet de la symétrie ou encore la superposition des motifs.
Couture - Suture
Le parcours se poursuit par la présentation d’un ensemble exceptionnel de « tableaux cousus ». Ces tissus peints et cousus par l’artiste, produits à partir du début des années 1990, offrent une mise en lumière du support même du tableau. À contre-courant des peintres venant recouvrir le tissu de leur toile, Teresa Lanceta en fait un objet d’attention et un support actif. Si la couleur n’est pas exclue, l’artiste l’appose de manière à créer une transparence pour laisser visible la toile.
Teresa Lanceta, Las Masas. A Pablo, 2021, Tissu peint et cousu, 266 x 165 cm, © Adagp, Paris 2024
Chaîne et trame
Variant les médiums, Teresa Lanceta a réalisé au cours de sa carrière plusieurs œuvres vidéos dont les deux premières sont présentées dans l’exposition.
L’artiste s’empare de cette pluralité lexicale en créant un enchevêtrement d’images et de fils, ponctué par des vidéos d’enfants en train de tisser au Ramses Wissa Wassef Art Center à Saqqarah en Égypte. À travers les vidéos Urdimbre et Tramas, qui prolongent sa pratique du tissage, Teresa Lanceta démontre que le tissu n’est pas qu’un objet utilitaire mais aussi et surtout l’incarnation d’une multitude de cultures. La chaîne et la trame apparaissent comme les composants de ce qui relie les individus les uns aux autres.
Rythmes abstraits
Profondément enracinés dans les techniques traditionnelles du textile, le travail de Teresa Lanceta s’inscrit parallèlement dans l’histoire des avant-gardes et plus particulièrement dans celle de l’abstraction géométrique. Auteure d’une thèse sur les structures de répétition dans les textiles et l’art contemporain au XXe siècle, l’artiste possède non seulement une maîtrise exceptionnelle des techniques de tissage mais également une importante connaissance du travail de ses prédécesseurs et de ses contemporains.
Compositions textiles
La dernière section de l’exposition est dédiée aux créations textiles les plus récentes de Teresa Lanceta, en particulier les œuvres des séries Franjas et El Raval, dont le titre reprend le nom d’un quartier cosmopolite de Barcelone où l’artiste a vécu. Les œuvres de cette série, conçues à partir de tissus cousus les uns aux autres à la manière d’un patchwork, se distinguent par la force de leurs couleurs. Les pièces rouges et oranges flamboyantes tranchent avec des tissus d’un noir profond. Ce contraste de couleurs fait référence à ce que l’artiste a observé et expérimenté dans le quartier multiculturel du Raval, l’un des plus denses de la ville. Elle y a notamment rencontré et noué des liens profonds avec des communautés gitanes auprès desquelles elle s’est imprégnée de leurs traditions orales et textiles. Les œuvres tissées de la série El Raval comme celles produites au Maroc, sont ainsi de véritables vecteurs de mémoires.
Musée Céret © manolo Mylonas
À propos du Musée d'art moderne de Céret
Le musée d’art moderne de Céret témoigne de l’histoire artistique exceptionnelle de la ville depuis le début du XXe siècle. Dans les pas de Braque et de Picasso, qui firent de Céret « la Mecque du cubisme », des figures essentielles de l’art moderne y ont séjourné : Gris, Masson, Soutine, Chagall… L’aventure se poursuit à l’époque contemporaine, avec Tàpies, Viallat, Pincemin, Bioulès... Créé en 1950, le musée bénéficie aujourd’hui d’une architecture remarquable. Le bâtiment de l’architecte Jaume Freixa (à qui l’on doit notamment la Fondation Miró de Barcelone), construit en 1993, s’est agrandi d’une nouvelle aile contemporaine construite par Pierre-Louis Faloci (Grand Prix d’architecture 2018), inaugurée en mars 2022. La collection moderne et contemporaine permet d’apprécier la place mythique de Céret dans l’histoire de l’art. De nouveaux espaces sont destinés aux expositions temporaires, dédiées en alternance à l’art moderne et contemporain.
Informations pratiques
Musée d’art moderne de Céret
8 boulevard Maréchal Joffre
66400 Céret