• Macao, ou la Chine Lusitanienne

Macao, ou la Chine Lusitanienne

Prix : Gratuit
Non disponible

À Hong Kong, on devine la Chine continentale par delà les Nouveaux Territoires. 

Choix non disponible

À Hong Kong, on devine la Chine continentale par delà les Nouveaux Territoires. A Macao, on la voit, on  la sent, on peut presque la toucher. L’ancienne colonie portugaise, devenue depuis la rétrocession de 1999, la seconde Région Administrative Spéciale du pays, est bien plus petite que sa voisine britannique.

Entourée  par la République populaire de Chine et la mer, Macao épouse presque la forme de Gibraltar. Par endroits, un bras d’eau étroit, encore sévèrement gardée par des miradors, barbelés et projecteurs, la sépare de la Chine communiste. Cette réminiscence de la guerre froide et du rideau de fer, surprenante au sein d’un même pays, destinée à séparer et protéger les deux systèmes économiques, s’est cependant adaptée aux couleurs locales, les miradors étant coiffés de toits de tuiles à la chinoise. Dans ce petit territoire à la personnalité bien marquée, on se sent bien loin de la province attenante de Guangdong et des trépidations de sa grande voisine. Macao présente un visage de métropole provinciale et tranquille. Ici, le côté européen méditerranéen apporté par les portugais depuis 1557 a fait souche. Les jardins sont nombreux, les placettes agencées avec des terrasses ombragées et fréquentées. L’ambiance est bien différente de l’austère city hongkongaise, aussi déserte le dimanche que le centre de Londres. Les portugais, grands bâtisseurs, ont pourvu Macao de châteaux, forteresses, églises, palais, places monumentales, somptueuses villas, qui font encore la fierté et l’intérêt de ce territoire, et n’ont pas lésiné avec les azulejos.

Las Vegas asiatique

La réputation sulfureuse d’enfer du jeu attire à Macao de nombreux touristes de Hong Kong et à présent de Chine. Les chinois, extrêmement joueurs, peuvent goûter dans ce Las Vegas asiatique les plaisirs interdits dans la prude et moralisatrice Chine communiste. Les casinos n’arrêtent pas de pousser dans le quartier moderne du port et tous les ans on inaugure de nouveaux palaces géants. L’ambiance surchauffée dans ces casinos bondés de milliers de joueurs est radicalement différente de celle de l’Europe, feutrée et silencieuse. Le jeu représente certes une part importante dans l’économie locale en grande partie contrôlée par le mystérieux et très puissant Docteur Ho qui n’est pas sans rappeler le Docteur No imaginé par Ian Fleming. Quatrième composante de la Chine actuelle, après la Chine continentale, Taiwan et Hong Kong, l’ancienne colonie portugaise mérite cependant mieux qu’une immersion dans les casinos ou quelques heures d’excursions-visites au pas de course depuis Hong Kong. Elle offre aux habitants et aux visiteurs de la grande métropole asiatique une alternative agréable, culturelle et relaxante ainsi qu’un art de vivre. Il faut déambuler dans les nombreuses ruelles de la vieille ville, visiter les somptueuses églises baroques dont la plus étonnante, toute mexicaine, église saint Dominique. Les bâtiments coloniaux dont la ville a sans cesse été dotée jusqu’à une époque récente confèrent à Macao un grand charme et un aspect européen. Lorsque l’on se trouve sur l’imposant et très ibère Largo do Senato, ou bien face aux ruines célèbres de l’église São Paolo, l’on doit se pincer pour réaliser que nous sommes bien en Chine.


Coloane le poumon vert de Macao


Il en va de même lorsqu’on accède au sommet de l’imposante Fortereza do Monte dont les remparts sont coiffés des armoiries du Portugal et de celle de da Guia, dominée par le célèbre phare érigé en en 1638. Les églises de Sante Agostinho, de São Jose, les jardins de Sao Francisco et de Camões, l’ancienne résidence du gouverneur, la poste principale ou le cercle militaire, ombragé par des platanes, rappellent eux aussi l’ancienne puissance coloniale. Dans la vieille ville, le linge, comme au Portugal, est pendu aux fenêtres. Les pâtisseries lusitaniennes abondent et côtoient des marchands de thé. Il est amusant de pouvoir dénicher au fond d’une antique épicerie chinoise une vieille bouteille de porto. La douceur de Macao se savoure enfin dans les îles de Taipa et de Coloane, reliées par plusieurs ponts à la terre ferme. Coloane représente le poumon vert de Macao. On se sent bien dans cette île boisée avec ses deux jolies plages et des kilomètres de randonnée en pleine nature. Le village ne manque pas d’intérêt avec ses restaurants de fruits de mer et ses vieilles maisons chinoises. Une statue de la divinité A-Mà trône sur une colline au milieu de l’île et est sensée porter chance aux navigateurs. Taipa de son côté s’est beaucoup développée ces dernières années et a accueilli l’université et l’aéroport. La Rua do Cunha  dans le village ancien abrite encore plusieurs restaurants macanais très agréables. On se doit de terminer ce parcours par les collines d’où l’on jouit d’une très belle vue sur le delta de la Rivière des Perles.